L'essentiel de la vie s'écoule à mal faire, une bonne partie à ne rien faire, toute la vie à faire autre chose que ce qu'il faudrait faire; mais, il y a des limites à tout.

Notre cher et estimé ministre de l'éducation, Monsieur Allègre, (même pour les intimes) a déclaré cette semaine que les manuels scolaires "gavent les enfants de sujets qui sont complètement inutiles." En d'autres termes, il avoue l'absurdité des programmes. Venant du ministre de l'éducation, responsable des programmes, c'est relativement surprenant, mais vous n'êtes pas à une surprise près.

Monsieur Allègre s'est aussi étonné de trouver dans un manuel de lycée une référence à ses propres recherches de géophysicien: "Je ne vois d'ailleurs pas ce qu'il foutait dans un livre de lycée" a-t-il conclu. La voilà la preuve d'un niveau bien trop élevé dans les livres scolaires...

De plus, Monsieur Allègre a ajouté, toujours sur les livres scolaires (puisque on tape sur une seule chose à la fois), que "avec des contenus qui sont trop abondants, l'enfant qui n'a pas de parents à BAC+5 est perdu." On peut donc se demander comment font les professeurs, qui sont en grande majorité formés à BAC+3 ou BAC+4, pour enseigner à l'aide de manuels. C'est une question qui vaut la peine d'être posée...

Et la cerise sur le gâteau: "ces contenus culturels forts stimulent les enfants des milieux aisés, mais pénalisent ceux des milieux modestes, à qui l'on demande de surmonter deux difficultés à la fois: apprendre une langue tout en se familiarisant avec de nouvelles références culturelles." On apprend là que les milieux modestes ne comprennent que des étrangers.

C'est nouveau, mais on passe car il y a mieux. En effet, la critique majeure est le suivante: les élèves étrangers des lycées français doivent apprendre le français, et c'est déjà assez osé, mais ils doivent en plus avoir des références culturelles françaises; et cela dit, les manuels scolaires contiennent trop de références culturelles, mais comment on fait alors???

Deux jours après: "prépas en grèves". Une première dans l'histoire, les profs de prépas ont fait grève, un mouvement souvent suivi a 100%, jusqu'à Stanislas, Henri IV et Louis Le Grand. Ils étaient 500 à avoir ressorti leurs banderoles de mai 68, place de la Sorbonne. Ils cherchaient a exprimer ainsi un "ras-le-bol contre les méthodes méprisantes de Claude Allègre, ainsi que ses procédés totalitaires."

Titou