La Philharmonique du village
Alin de rester fidèle au cheminement psychologique du personnage central d'Intermezzo, la partition musicale pivote autour d'une mélodie principale qui évolue selon une forme cyclique.
A l'image même du double d'Isabelle, ce thème n'est parfois perceptible qu'en filigrane. Sans toutefois évoquer ni décrire, il accompagne la jeune fille dans sa quête de l'absolu.
Thème-miroir, en quelque sort, il lie Isabelle au Spectateur.
Cette mélodie traverse ainsi les climats changeants de la pièce de Jean Giraudoux. Scène après scène, la musique tente de planter l'autre décor, celui qui se conjugue avec les choix philosophiques de l'auteur.
La musique du Spectre, libre de toute contrainte métrique, est le fruit d'improvisations collectives qui soulignent l'étrangeté du personnage pat des rencontres de timbres et d'intensités.
Au contraire, ce sont des motifs de Jazz qui encadrent, de manière plus caricaturale, l'inspecteur et le Contrôleur, ou bien même un thème déhanché et dissonant pour les soeurs Mangebois.
Quant aux Petites Filles, leur cocktail de légèreté et de fraîcheur, bref leur jeunesse, se traduit par des accents de bossa-nove ou de rock.
Dans la scène finale, les rythmes de tambours et la clameur d'un gospel rappellent Isabelle à la vie.
L'orchestre du village ne serait-il pas, pour Giraudoux, ce relais symbolique entre la réalité et le rêve, afin de "doubler la vie de velours..."?
Un très grand merci aux dix interprètes de la "Philharmonique" qui ont donné corps à la musique d'Intermezzo.
Jean-Luc Muller