Programme définitif paru le 25 Juin 2009.
- William Shakespeare, King LearEd. Reginald Foakes, Londres, The Arden Shakespeare, 1997.(N. B. L’édition New Penguin Shakespeare
sera utilisée à l’oral).
- Charlotte Brontë, Jane Eyre (1847). Londres, Norton Critical Edition (3rd edition), 2000.
Film de Franco Zeffirelli (1995).
- Vladimir Nabokov, Lolita [1955]. Londres, Penguin Books, 2006. Film de Stanley Kubrick (1961).
Civilisation
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Le débat sur l’abolition de l’esclavage en
Grande-Bretagne : 1787-1840
Les Britanniques se mobilisèrent contre le com-
merce des esclaves dès 1787, alors que leurs
colonies sucrières dans les Caraïbes -et les treize
colonies qu’ils venaient de perdre en Amérique
du Nord -, s’étaient développées grâce à l’arrivée
massive d’esclaves africains. C’était donc à l’un
des éléments du commerce florissant de leur
propre Empire qu’un groupe d’hommes et de
femmes, Quakers et Anglicans, issus de la classe
moyenne, s’attaquèrent dès 1787, en fondant The
Society for the Abolition of the Slave Trade à
Londres. Thomas Clarkson, Granville Sharp,
Josiah Wedgwood et William Wilberforce entre
autres, s’engagèrent dans une campagne contre
le commerce des esclaves sur le terrain parle-
mentaire, en ayant au préalable mobilisé la
société britannique par le biais de pétitions et de
publications. En 1788 et 1792, le Parlement reçut
des milliers de signatures (500 pétitions) issues
de comités provinciaux contre l’esclavage. Le
“lobbying” de la Société contre l’esclavage
auprès du Parlement déboucha finalement sur la
loi de 1807 qui interdisait le commerce des
esclaves dans l’Empire britannique.
Le débat autour de l’esclavage prit une place
centrale dans les premières décennies du XIXe
siècle car cette cause correspondait aux aspira-
tions humanitaires et économiques de la nouvelle
classe moyenne qui gagnait progressivement en
puissance dans la sphère politique. La cause des
esclaves ralliait une majorité de la population,
sans distinction de classe ou d’église (plus de 800
pétitions contre l’esclavage adressées au Parle-
ment en 1814, ou au Prince Régent en 1828).
En 1833, le Parlement britannique déclara
l’émancipation de 750.000 esclaves sur le
million que comptaient les îles des Caraïbes,
après avoir reçu 5000 pétitions, signées par un
million et demi de Britanniques, ainsi qu’une
pétition spéciale signée par des femmes.
En 1840, Londres accueillit la première
convention internationale contre l’esclavage,
qui réunissait des anti-abolitionnistes améri-
cains et britanniques.
Au cours de l’analyse de ce débat contre
l’esclavage entre 1787 et 1840, on prêtera une
attention toute particulière à des aspects à la fois
politiques et sociétaux :
- la campagne pour l’abolition de l’esclavage
(pré-1807) puis celle en faveur de l’émancipa-
tion (post-1807) témoignent d’une société
britannique transformée et modernisée en
moins de cinq décennies. On peut se demander
comment ces deux campagnes, menées entre
1787 et 1838, participèrent à la transformation
radicale de la société britannique, au sein de
laquelle on pouvait noter la montée en
puissance de la classe moyenne, les leaders de
ces campagnes ;
- la campagne pour l’abolition du commerce
des esclaves, puis celle consacrée à l’émanci-
pation de ces derniers, créèrent une dynamique
nationale qui réussit à rallier des éléments de la
société britannique souvent opposés par
ailleurs : les classes moyennes, les ouvriers, les
“reformers” et les radicaux, les Anglicans et les
“dissenters”, les hommes et les femmes…
Quels étaient les ferments politiques et religieux
qui rassemblaient ainsi cette “nouvelle” nation
britannique ?
- si les deux campagnes semblèrent mobiliser la
société britannique sans distinction, on peut se
pencher sur les demandes plus catégorielles,
celles de réformes politiques et sociales, qui
opposaient la classe moyenne aux classes
ouvrières, dans les années 1830-40. Comment
et pourquoi les tensions entre ces classes
sociales, sensibles sur la plupart des débats
politiques (Repeal of the Test Act, Great
Reform Act, New Poor Law, Factory and Mine
Acts, the Woman Question, the Anti-Corn Law
League, Chartism…), se sont-elles apparem-
ment apaisées autour de la campagne contre
l’esclavage ?
- quel était le poids du contexte international sur
la campagne britannique avant et après 1807,
puis après 1833 ? On pourra, entre autres,
réfléchir aux influences de la révolution
française, puis à celles de la période napoléo-
nienne, sur le débat britannique (Toussaint
Louverture, révoltes de St Domingue et la
Martinique, rétablissement du commerce des
esclaves par Napoléon…). Dans les années
1830-40, on pourra s’intéresser aux échanges
sur le sujet de l’esclavage avec les abolitionnis-
tes américains.
-
Le Sud de l'après Guerre de Sécession : de la Reconstruction à la re-ségrégation (1865-1896).
Entre la mise en place par le président Lincoln de son projet de reconstruction en 1865 et l’arrêt de la Cour Suprême des États-Unis dans l’affaire Plessy V. Ferguson instaurant le principe de « séparation dans l’égalité » (separate but equal) en 1896, le Sud des États-Unis fut le théâtre de bouleversements au sein desquels les questions raciales jouèrent un rôle prépondérant. C’est l’étude de ces tentatives de recomposition institutionnelle, politique, sociale, économique et culturelle centrée sur les relations raciales dans le Sud qui sera au coeur de la problématique.
Une première partie de la réflexion sera consacrée aux questions institutionnelles liées aux modalités de réintégration des Etats sécessionnistes dans l’Union, puis à la négociation de la tutelle de l’Union sur les Etats de l’ancienne Confédération. Les débats à Washington de la période de la Reconstruction (1865-1877) seront examinés avec attention. Il s’agira d’analyser les termes de la Reconstruction « présidentielle » de Lincoln et Johnson, ainsi que ceux de la Reconstruction « radicale » placée sous l’égide du législatif, et de s’attacher à l’examen des luttes d’influences entre la présidence, le Congrès et la Cour Suprême : débat sur l’adoption des Treizième, Quatorzième et Quinzième Amendements, mise en accusation (impeachment) de Johnson, Slaughterhouse Cases (1873), « compromis » de 1877, Civil Rights Cases de 1883, etc.
On élargira évidemment la perspective politique, partisane et institutionnelle par le biais d’un examen approfondi des affrontements entre Républicains et Démocrates dans le Sud même, où l’on étudiera les étapes de la reprise du pouvoir dans la région par les Démocrates dits « rédempteurs » et la restauration de la suprématie blanche, mais aussi dans le contexte plus large des États-Unis, puisque l’on ne saurait isoler le Sud du débat national. On ne peut en effet négliger le rôle de l’Ouest en tant que « section » dans la dynamique de la Reconstruction.
Les questions économiques et sociales, liées aux années de guerre et à la nécessité de remplacer l’Institution Particulière par un modèle prenant en compte les amendements de l’après-guerre, devront également faire partie de la réflexion. Les grandes orientations économiques et sociales du « Nouveau Sud » (notamment le métayage en agriculture et l’essor des industries minières et textiles dans les années 1880) seront prises en compte.
Le problème racial sera au centre de l’ensemble de ces questionnements, tant il est vrai qu’il a été au coeur de tous les débats et de toutes les oppositions. Il s’agira de prêter une attention particulière aux nouveaux positionnements sur les droits civiques suscités par l’abolition de l’esclavage, en particulier ceux des Républicains radicaux (création du Freedmen’s Bureau, Reconstruction radicale) et des Afro-Américains (Tuskegee Institute, Booker T Washington et ses critiques, affaire Plessy, etc.). L’on verra aussi comment le Sud n’a cessé de résister à la mise en oeuvre de l’égalité raciale (Codes noirs, Ku Klux Klan, lois Jim Crow, privation du droit de vote).
À ces mutations du système politique et économique mais aussi de la place du Sud dans l’Union correspondent évidemment de profondes transformations dans la culture de la région, liées en particulier à la redéfinition de l’idéologie et de l’identité sudistes ainsi qu’à la question des représentations mythiques du Sud nées de ces années troublées. L’histoire culturelle sera donc directement abordée avec comme fil conducteur la réécriture du récit sudiste après la Guerre de Sécession.
Le programme dans le B.O. du Ministère de l'Education Nationale.
Le texte intégral de la tragédie de King Lear est en ligne à l'adresse suivante : http://shakespeare.gueuledebois.net/KingLear/index.html
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