Vous sortez de la salle de bain et vous vous dirigez vers la salle de bain. Le nez encore légèrement humide, un frisson vous parcourt le corps lorsqu'un petit courant d'air frais refroidit l'extrémité de votre nez. Vous vous hâtez de vous installer confortablement dans votre lit, en tirant sur les nombreuses épaisseurs de couvertures, vous imaginant dans un paysage enneigé d'Arctique, allongé entre les deux esquimaux dans un igloo, recouvert d'une peau de renne. Vous éteignez la petite lampe de chevet et vous vous recroquevillez, heureux, entre les graps. Vous observez les reflets multiformes des voitures qui passent dans la rue, sous votre fenêtre. Puis, vous étendez le pied, comme ça, au fond de votre lit, et vous sentez quelque chose de petit, de rond de poilu. Une souris? Un rat? Vous vous haussez délicatement hors de votre lit, de peur d'effrayer la petite créature, et vous rallumez la lampe. Vous retirez lentement les couvertures et les draps du lit, lorsque soudain, vous tréssaillez sous l'effet d'un leger tapotement sur votre épaule. Vous vous retournez brusquement, et vous apercevez un étrange individu. Pourtant, vous le reconnaissez tout de suite, avec sa faux et sa cape noire et usée. Un cauchemar? Non. Vous ne vous pincez pas car vous savez que vous êtes bien éveillé. C'est alors que les contours de la chambre et de ses meubles deviennent flous, presque imperceptibles. Vous avez l'impression de rentrer dans le domaine du surréel. La Mort s'élève dans les airs, et vous la suivez. Vous avez l'impression de monter. Vous ne voyez plus rien, le sol a disparu. Votre esprit voyage dans le vague; vous oubliez tout, le rat, le lit, même vos parents, vos amis, votre VIE! Vous ne sentez plus votre corps. Alors, dans votre voyage dans l'espace (dans le temps?), vous distinguez une lueur qui s'intensifie à mesure que vous vous en approchez.

Vous arrivez enfin dans une vaste salle en marbre blanc, dont les dimensions ne pourraient être enregistrées, et ayant comme seuls ornements une énorme fenêtre, derrière laquelle semble s'étendre le vide, et une gigantesque balance, au pied de laquelle est assis en vieil homme avec, comme vous vous y attendiez, une barbe blanche et de petites lunettes dorées. Vous voltigés sur place, indécis, perdu, et alors vous éprouvez une vive douleur, comme si l'on vous arrachait un organe. Votre COEUR? Le vieil homme s'est levé, et semble observer le compteur de la balance, sur laquelle quelque chose a été placé. Ensuite apparaissent deux nains grotesques à l'expression distraite. Sans mot dire, ils semblent vous prendre par votre corps, qui n'existe déjà plus pour vous, mais qui est bel et bien réel dans leur monde matériel. Vous vous laissez entraîner par les deux robustes nains dans un long couloir. Tout vous paraît calme, silencieux, feutré. Après avoir passé un nombre incalculable de portes, les deux nains s'arrêtent enfin devant une porte ui s'ouvre toute seule. Vous entrez dans la salle, et la porte se referme derrière vous, emportant les nains. Vous vous sentez alors soulagé, comme si vous étiez enfin arrivé au bout d'un long voyage. Vous pensez à votre repos si longtemps attendu. Puis vous ne pensez plus. Votre corps n'est plus, et votre esprit s'assoupit enfin dans ce vaste royaume.