Pendant ces vacances de Pâques est survenue une nouvelle qui a surpris tous ceux qui l'ont apprise: Mme Popelard, qui avait enseigné l'Histoire et la Géographie au Lycée entre 1992 et 1998, est décédée alors qu'elle se reposait de son poste à Rochester aux Etats Unis. Comment se pouvait-il qu'une personne aussi vivante puisse mourir?
Car c'était bien là oe qui caractérisait Mme
Popelard: elle avait une énergie et un enthousiasme qui était
véritablement contagieux, tant elle savait bien les communiquer
à ses élèves. On sentait, lorsque l'on assistait
à ses cours, que l'on avait en face de nous un professeur qui
avait une réelle passion pour ce qu'il nous enseignait, ce
qui ne manquait jamais de nous marquer, nous encourager.
Mme Popelard avait une manière bien à elle de nous enseigner l'Histoire, car c'est bien pour cette matière que je me rappelle d'elle le mieux. Elle traitait d'un sujet, puis déviait sur un autre qui était, lui, d'un caractère purement anecdotal, mais qui, par la manière dont il était raconté, nous faisait rire et par la mème occasion, nous permettait de retenir le sujet initial. Un ami qui l'avait déjà "eue" avant moi m'avait dit que la meilleure manière de prendre des notes pendant ses cours était de diviser la page en deux, marquant le cours d'un côté et les anecdotes de l'autre. Et c'était vrai : je peux aujourd'hui vous faire la liste complète des maitresses de Louis XIV et de Louis XV, et je peux vous assurer que Louis XVI était bien plus intéressé par les serrures que par les femmes. Il n'y avait qu'avec Mme Popelard que l'on apprenait les dessous de l'Histoire qui nous ont manqué terriblement lorsque nous ne l'avons plus eue après la Seconde.
Parties avec elle sont toutes ces histoires merveilleuses, toutes plus invraisemblables les une que les autres, qui faisaient de son cours l'apogée d'une journée. On conserve toutefois le souvenir de la manière théâtrale, mais jamais magistrale, dont elle faisait ses cours, exclamations et gestuelle à l'appui. Mais surtout, il nous reste le souvenir de oes petites phrases qu'elle utilisait si souvent et que nous nous plaisions à relever, comme on le fait d'ailleurs avec tous les professeurs: "Revenons en à nos petits moutons!', lorsqu'une anecdote s'allongeait; "Mais oui, Monsieur!' pour répondre au regard incrédule d'un élève qui trouvait que, vraiment, les monarques absolus ne s'ennuyaient pas; et bien sûr, "Vous nous gonflez avec vos histoires d'Etats-unis, mon ami!' pour faire taire qui vous savez.
Mme Popelard a quitté le Lycée et d'autres lieux encore, mais elle fera sans doute partie de ces professeurs dont les élèves se souviennent encore sur le coup d'une soixantaine bien sonnée.
Mork